Le cinéma marocain confirme une fois de plus sa vitalité et sa richesse en participant brillamment à la 15e édition du Festival de Malmö du cinéma arabe, qui se tiendra en Suède du 29 avril au 5 mai 2025. Deux œuvres marocaines y seront à l’affiche : le long-métrage “Tout le monde aime Touda” de Nabil Ayouch, et le court-métrage “Cheikha”, co-réalisé par Ayoub Lyoucefi et Zahwa Raji. Ces deux films, centrés sur le thème du chant populaire marocain “l’Aïta”, rendent hommage aux “cheikhates”, figures emblématiques de l’art populaire féminin au Maroc.
Tout le monde aime Touda
: un hommage vibrant aux femmes artistes de l’ombre
Dans ce nouveau long-métrage, Nabil Ayouch raconte l’histoire de Touda, une jeune chanteuse populaire qui rêve de devenir une “cheikha” reconnue. Bravant les obstacles sociaux et économiques, elle s’engage dans un parcours personnel fait de lutte, d’émotion et de résilience. Le film rend hommage à ces artistes marocaines souvent méprisées, qui ont pourtant chanté l’amour, la liberté et la résistance.
Avec un casting mené par Nisrine Erradi, aux côtés de Joud Chamihi, Jalila Talemsi, Mustapha Boutnkik et Lahcen Razougui, le film a déjà remporté le Grand Prix du Festival de Valenciennes en France, et a été sélectionné pour représenter le Maroc aux Oscars 2025 dans la catégorie du Meilleur Film International.
Cheikha
: entre héritage et émancipation
Dans un format plus court, le film Cheikha explore le même univers à travers le regard de Fatine, une adolescente de 17 ans vivant à Azemmour dans les années 90. Partagée entre son attachement à l’héritage artistique de sa mère, une “cheikha”, et son désir d’une vie plus stable après l’obtention de son baccalauréat, Fatine incarne le tiraillement entre tradition et avenir.
Le coréalisateur Ayoub Lyoucefi explique que l’idée du film vient de Zahwa Raji, et vise à mettre en lumière la force et la dignité des “cheikhates”, souvent marginalisées mais centrales dans le patrimoine musical marocain. Le tournage s’est déroulé entre Azemmour et Dar Bouazza.
Une présence marocaine également dans le jury
Le producteur marocain Karim Aïtouna fait également partie du jury officiel des longs-métrages. Basé entre la France et le Maroc, Aïtouna a produit plusieurs œuvres saluées à l’international, telles que Je suis le peuple (sélectionné à l’ACID – Cannes), La Nuit et l’enfant (présenté à la Berlinale), Contro Figura (première mondiale à Venise), ou encore Poisonous Roses d’Ahmed Fawzi Saleh, présenté à Rotterdam et représentant l’Égypte aux Oscars 2020.
Il rejoint un jury prestigieux composé de la réalisatrice égyptienne Hala Khalil, de la réalisatrice saoudienne Hind Al Fahad, de l’acteur irakien Shaker Thahir et de l’actrice libanaise Takla Chamoun.
Une sélection riche et diversifiée
La 15e édition du festival présente 35 films (23 longs et 12 courts) provenant de 12 pays arabes, avec des coproductions issues de 10 pays occidentaux. Outre les compétitions officielles, le programme comprend également des sections parallèles telles que “Les Nuits Arabes”, “Les Projections Spéciales”, “Le Cinéma en Famille” et des séances scolaires.
Mohammed Keblawi, fondateur et président du festival, souligne que cette édition met en avant “une sélection des meilleures productions arabes récentes, reflétant la diversité culturelle et la richesse créative du monde arabe.” Il ajoute que l’élargissement du festival aux villes de Lund et Landskrona permet de toucher un public plus large et d’intensifier le dialogue interculturel.
Ouverture avec “Rêves en transit” de Rashid Masharawi
Le festival s’ouvrira avec le film “Rêves en transit” du cinéaste palestinien Rashid Masharawi, une coproduction entre la Palestine, la Suède, l’Arabie Saoudite et la France. Une œuvre qui incarne parfaitement l’esprit du festival : un cinéma arabe audacieux, ouvert sur le monde, et porteur d’histoires humaines puissantes.
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